1717 LE BLOG FRANC-MAÇON

1717 devra-t-il devenir, avec le temps, la version 2.0 de nos bons vieux magazines de presse de télévision français ?

Dove sono i bei momenti ?

Cette question remplie de douce nostalgie et posée par la Comtesse dans Le Nozze di Figaro, nous rappelant à l'occasion le visage souriant de  Jacques Martin ou le vrai-faux sérieux de  Maître Capelo à la Une de Télé 7 jours.

Mais il n'est pas toujours agréable de regarder en arrière. Ainsi, pour éviter d'être transformé en statue de sel, il est bien plus judicieux de se tourner vers le présent : celui-ci a lieu ce soir, mardi 20 août 2013, à la télévision.

Sur  France 2, à 20H45,  Stéphane Bern nous contera quelques Secrets d'histoire:  " La Liberté ou la Mort ! " se proposant de nous faire revivre le destin d'exception de Wolfgang Amadeus Mozart.

Avant de nous installer confortablement devant ce  numéro inédit de la télévision française en couleurs, le Blog franc-maçon se permet de proposer à ses aimables lecteurs (transcrit ici dans son intégralité*) l'article que devait consacrer Alec Mellor à Wolfie, notre Frère.

MOZART Wolfgang Amadeus (1756-1791)

Mozart fut sans doute le franc-maçon le plus illustre dont puisse se glorifier l'Ordre. En outre, sa carrière musicale et sa carrière maçonnique ne furent pas seulement juxtaposées comme dans le cas de tant d'autres. L'initiation maçonnique fut l'une des sources de son inspiration géniale.

Il fut initié le 14 décembre 1784 à la loge La Bienfaisance de Vienne, dont le Vénérable était Otto von Gemmingen, le librettiste de Sémiramis.

Il fut passé Compagnon en mars 1785 et élevé à la maîtrise le 22 avril de la même année.

Il est totalement indémontré - et fort improbable - qu'il eût aussi appartenu aux Illuminés, quoi qu'en ait pensé Richard Koch dans un opuscule paru en 1911.

L'oeuvre maçonnique par excellence de Mozart demeure la Flûte Enchantée (1791), qui est, à travers l'Egypte de fantaisie mise à la mode à l'époque par le Sethos de Terrasson et par Cagliostro, la transposition de l'initiation maçonnique à la scène, l'orchestre lui-même reproduisant les batteries selon le Rite de la Stricte Observance.

(source : GL d'Ath Ka Ptah)

(François Mauriac a montré une incompréhension totale dans une étude où, louant la musique de l'oeuvre, il a pu dire qu'elle était asservie à un livret inepte. L'ineptie, c'était son commentaire péremptoire et profane.)

Parmi les autres compositions maçonniques de Mozart, souvent exécutées dans les loges, citons : 

- O heiliges Band ! 

- Dir, Seele des Weltalls !

- Die Maurerfreude.

- l'Ode funèbre en ut mineur

- Das Lob der Freundschaft.

Cette dernière cantate fut la dernière oeuvre de Mozart, contemporaine et probablement même postérieure au Requiem.

Elle fut exécutée à la cérémonie de consécration de la loge L'Espérance nouvellement couronnée, et il est émouvant de constater que Mozart, à quelques semaines de sa mort, ait ainsi pris pour thème ultime l'amour fraternel.

L'anticléricalisme de certains auteurs leur a fait dire que Mozart franc-maçon mourut privé des sacrements et même des prières de l'Eglise, et fut enterré presque clandestinement au cours d'une tempête de neige. Rien n'est plus faux.

(Cathédrale Saint-Etienne, aquarelle de E.Gurck, 1830)

Sincèrement religieux, Mozart l'avait été toute sa vie. Les excommunications pontificales de 1738 et 1751 n'avaient d'ailleurs pas été promulguées en Autriche et y étaient dépourvues de portée juridique, aux termes du droit impérial. Les obsèques eurent lieu à la Cathédrale Saint-Etienne. Il n'est pas jusqu'aux bulletins météorologiques qui n'établissent que, le jour où elles se firent, la température variait entre + 2,6 et + 3°, par temps doux avec brouillard fréquent et vent d'est faible ! 

La géniale figure de Mozart - dont l'oeuvre religieuse fut, on le sait, immense - demeure, bien au contraire, l'illustration portée à son plus haut point de la compatibilité de la foi catholique avec la Maçonnerie régulière. (1)

Allec Mellor, Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie et de Francs-Maçons (éditions Belfond 1971-1979, 2005 pour la présente édition relue par le Pr.Sophie de Mijolla-Mellor, fille de l'auteur)

* A l'exception de la bibliographie proposée par A.Mellor : sans remettre en cause la qualité de ces ouvrages, on leur préférera la biographie de référence de Brigitte et Jean Massin (Ed.Fayard) ainsi que ce portrait de Mozart, humain et très touchant de Wolfgang Hildesheimer (aux éditions Bartillat, octobre 2007) ; ce dernier ouvrage, paru en 1977, devait obtenir un succès planètaire et inspirer, dit-on, le Chef d'oeuvre de M.Forman en 1984 : " AMADEUS " ; le documenaire diffusé hier soir sur France 2 et qui reprend d'assez nombreuses séquences de ce film ne saurait épuiser les arcanes du " mystère Mozart " (les vrais mystères comme ceux nés de l'imagination fertile de certains artistes ou écrivains) ; mystère de son génie, bien sûr, de ses traits (sur ce point, les portraits ou gravures du temps semblent se contredire : la biographie de W.Hidesheimer apporte ici des éléments de réponse fort convaincants) , mystère de sa mort enfin : épuisement, reliquat de quelque maladie infantile réapparue à l'âge adulte (la thèse a été émise très sérieusement) ... complot des francs-maçons ? Selon des modalités différentes, les ouvrages cités plus haut abordent les liens de Mozart avec la Franc-maçonnerie : avec Brigitte et Jean Massin on pourra lire notamment ce vibrant hommage rendue par sa loge : ses FF. n'oublièrent jamais sa veuve et ses orphelins ; avec W.Hildesheimer, l'appartenance maçonnique de l'Aimé de Dieu sera envisagée d'une manière plus distanciée : très éloignée en tout cas d'une certaine approche présentée dans le documentaire qui voudrait lire par exemple dans son adhésion à la Franc-maçonnerie comme une démarche intéressée.

L'expressivité et la profondeur que l'on entend (et ce n'est ici qu'un exemple parmi tant d'autres) dans la Flûte Enchantée ne pouvant témoigner que d'un engagement complet : Alain Duault nous rappelant que " (...) Mozart, avec Schikaneder, son librettiste, choisit de situer sa Flûte Enchantée "en Egypte" (c'est à dire l'Orient d'alors) " ; on peut ainsi comprendre que Mozart participa à l'élaboration du livret. Pour ce qui concerne les épreuves dont il est question dans le reportage et qui se font jour, en 1791, dans cet opéra pour les enfants et les philosophes, le temoignage de R.Dachez permet d'envisager de nouvelles hypothèses : loin d'être empruntées à la franc-maçonnerie, les épreuves courageusement traversées par le Prince et la douce Pamina auraient été reprises par la franc-maçonnerie elle-même. Il devenait par conséquent bien difficile de divulguer des secrets dont l'Ordre n'avait pas connaissance ! 

L'émission de France 2 possède cette qualité de nous faire entrer dans l'univers mozartien : on peut s'y perdre, c'est vrai : sa beauté est insondable. 

ADDENDUM : Nos lecteurs pourront se reporter utilement à l'article de R.Dachez (23/08/2013) : "Epreuves élémentaires ou baptêmes successifs (1)". Pierres Vivantes le blog de Roger Dachez débute ainsi une série de posts ayant trait à la Flûte Enchantée.

Frère Mozart (2006) est une lithographie de Jean-Charles Taillandier. Elle présente Viva Mozart ! ( voir blog et sites préférés)

(1) Le Blog 1717 tient à dédier ce post au père Pascal Vesin, franc-maçon du Grand Orient de France.